50 ans du droit à l’IVG : quel parcours pour les femmes aujourd’hui ?

En 2025, nous fêtons les 50 ans de la loi Veil qui a permis la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Cette loi garantit aux femmes le droit de disposer librement de leur corps mais elle représente aussi une avancée en termes de santé publique. Pourtant, aujourd’hui encore, l’accès à l’IVG reste inégal selon les régions. Que faire lorsqu’on veut mettre fin à une grossesse ? Quelles sont les étapes à suivre ? La SMACEM vous apporte des réponses et des ressources.
En plus d’être un droit fondamental, l’avortement légal est un véritable sujet de santé publique et essentiel pour la santé physique et mentale des femmes. En effet, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la légalisation de l’IVG n’entraîne pas de hausse importante d’interventions. Leur médicalisation permet même d’éviter les complications souvent associées aux interventions non-sécurisées telles que les hémorragies, les infections, les perforations de l’utérus, etc.
En France, le droit de pratiquer une interruption volontaire de grossesse est définitivement ancré dans la loi et la Constitution. Mais les difficultés d’accès perdurent selon les régions, notamment à cause du manque de centres de santé habilités. Certaines femmes doivent se rendre dans des départements différents de leur lieu de résidence pour accéder à une IVG dans les délais réglementaires (14 semaines de grossesse maximum, soit 16 semaines après le début des dernières règles). À qui s’adresser et dans quels délais ? Votre mutuelle vous explique le parcours d’une interruption volontaire de grossesse.
L’IVG dans la loi
En 1975, la loi autorise officiellement l’interruption volontaire de grossesse mais pour une durée limitée de 5 ans, à titre expérimental. Ce n’est qu’en 1979 que cette autorisation devient définitive. Petit à petit, la loi a évolué afin de consolider ce droit avec notamment la création du délit d’entrave à l’IVG en 1993. La loi de 2022 a allongé les délais et facilité l’accès aux IVG instrumentales et médicamenteuses. Cette loi a permis :
- Le passage de 12 à 14 semaines du délai légal pour pratiquer une IVG, et de 5 à 7 semaines pour l’IVG médicamenteuse,
- L’autorisation pour les sage-femmes de pratiquer des interventions instrumentales dans les hôpitaux,
- La suppression du délai obligatoire de réflexion de deux jours,
- La mise à disposition d’un répertoire recensant les professionnel·les et structures pouvant pratiquer des IVG.
Enfin 8 mars 2024, la France a été le premier pays à reconnaître constitutionnellement la liberté de recourir à l’avortement.
Première étape : le rendez-vous d’information
Si vous souhaitez mettre fin à une grossesse, la première chose à faire est de prendre rendez-vous soit auprès d’un·e médecin (généraliste ou gynécologue), soit auprès d’une sage-femme. Cette première consultation peut être faite en distanciel.
Durant ce rendez-vous, le ou la professionnel·le de santé vous informera sur :
- Les deux méthodes possibles d’IVG (médicamenteuse ou instrumentale),
- Les lieux de réalisation de l’IVG (établissement de santé tel qu’un hôpital ou une clinique, cabinet d’un.e médecin conventionné.e, centre de santé sexuelle, centre de santé),
- La possibilité de bénéficier d’une consultation psycho-sociale (notamment lors de situations de vulnérabilité comme des cas de violences, addictions ou précarité). Celle-ci est obligatoire pour les mineures.
Lors de ce rendez-vous, si la personne qui vous reçoit ne pratique pas elle-même des IVG, elle doit également vous orienter vers des praticien·nes compétent.es. Vous recevez également un dossier guide pour vous aider à vous orienter.
La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse.
Article 34 de la Constitution
Deuxième étape : la confirmation de vos choix
Une fois que vous avez pris connaissance de toutes les informations, vous devez choisir la méthode (instrumentale, c’est-à-dire par voie chirurgicale, ou médicamenteuse) et le lieu qui vous correspond le mieux. À ce moment-là également, il vous faudra remettre un consentement écrit. Le ou la professionnel·le de santé peut également vous informer sur les différents moyens de contraception si vous n’en utilisez pas déjà un.
Si vous optez pour une intervention instrumentale vous devrez également effectuer un rendez-vous pré-anesthésie avant l’opération.
Le choix selon Anne Sylvestre
En 1974, soit un an avant la dépénalisation de l’avortement, Anne Sylvestre chantait déjà pour le droit des femmes à disposer de leur corps à travers son titre « Non tu n’as pas de nom ». Faisant polémique, cette chanson n’a pas ou peu été diffusée par les radios nationales françaises. C’est dans la rue et notamment lors de manifestations pour le droit à l’avortement que la chanson est entonnée.
Troisième étape : l’intervention
Intervention médicamenteuse
L’IVG médicamenteuse peut avoir lieu jusqu’à la 7e semaine de grossesse (soit au maximum 9 semaines après le début des dernières règles) et a lieu en deux étapes avec deux médicaments différents.
- Le premier médicament peut être pris dès la première consultation. Il permet d’interrompre la grossesse. Il est souvent accompagné de contractions de l’utérus et d’une ouverture du col de l’utérus. Il est également possible que sa prise provoque des saignements. Il faut, dans tous les cas, prendre également le deuxième médicament.
- Le second médicament doit être pris entre 24h et 48h après le premier, il permet de provoquer l’avortement. Lors de la prise du médicament, il faut se faire accompagner par un.e proche. Ce médicament provoque de fortes contractions de l’utérus qui peuvent être douloureuses, c’est pourquoi la prise d’anti-douleur est également conseillée, 30 minutes après avoir pris le médicament.
Dans la plupart des cas, l’évacuation de l’embryon se fait dans les quatre heures suivant la prise. Toutefois, cela peut avoir lieu jusqu’à 72h après la prise du médicament. Les saignements peuvent durer pendant plusieurs jours suivant l’évacuation.
Intervention instrumentale
Les interventions médicales ne peuvent avoir lieu que dans les hôpitaux, cliniques et centres de santé habilités (annuaire disponible sur le site ivglesadresses.org) et jusqu’à la 14e semaine de grossesse (soit 16 semaines après le début des dernières règles).
Concrètement, c’est une opération d’une dizaine de minutes uniquement pendant laquelle le ou la médecin procède à l’aspiration du contenu de l’utérus après dilatation du col. Vous pouvez choisir de faire cette opération avec une anesthésie locale ou générale. À la suite de l’intervention, vous devez rester en observation pendant quelques heures avant de rentrer chez vous.
Que ce soit pour l’IVG médicamenteuse ou instrumentale, si des effets secondaires persistent (fièvre, importantes pertes de sang, fortes douleurs abdominales, malaise), il faut contacter l’établissement ou le/la professionnel·le qui vous a pris en charge.
Quatrième étape : consultation de suivi
Dans les deux à trois semaines qui suivent l’intervention, vous devez de nouveau consulter le ou la praticien.ne. Cette consultation est possible en distanciel. Vous pouvez également demander à bénéficier d’une consultation psycho-sociale.
Bon à savoir
Les IVG sont entièrement prises en charge par la Sécurité sociale. De plus, avec la SMACEM, vous bénéficiez de remboursements avantageux pour vos consultations chez les médecins (généralistes ou spécialistes) et les sage-femmes.
La SMACEM vous propose également un forfait sur la contraception prescrite et non-remboursée par la Sécurité sociale. Vous pouvez aussi bénéficier d’un accompagnement psycho-social illimité grâce à notre assistance mutualiste (numéro au dos de votre carte de mutuelle).
Pour aller plus loin
- Guide du gouvernement sur l’IVG.
- Contactez le Planning familial, ses professionnel·les sauront vous orienter.
- Site officiel dédié à l’IVG.