Risques professionnels  :  les métiers de la création à la loupe 

poignet guitare

Le 28 avril marque la Journée mondiale de la santé et la sécurité au travail. L’occasion de faire le point sur les risques professionnels rencontrés par les métiers de la création et de l’édition musicale. Entre risques physiques et psycho-sociaux, les musiciens et musiciennes et autres pros du divertissement ont de quoi s’inquiéter. Mais les solutions existent ! Tour d’horizon des facteurs de risques et des méthodes de prévention.  

Les risques professionnels des métiers de la création

Chaque corps de métier comporte des risques spécifiques. Dans les métiers de la création, la posture et les conditions de travail sont les deux principaux facteurs de risque. Voyons cela de plus près.

Risques physiques

Un tabou existe autour de la santé physique des musiciens et des musiciennes, pourtant nombreux sont celles et ceux qui souffrent de douleurs liées à leur activité. Comme l’indiquent les chercheurs Debès, Schneider et Malchaire, dans leurs travaux sur le sujet, dès 1988, une étude auprès de 2 212 membres d’orchestres professionnels constatait que 76 % de ces professionnels souffrent de troubles musculosquelettiques.  

« Trop souvent encore, le virtuose pense que la souffrance est le prix à payer de son art. »

Debès, Schneider, Malchaire

Les postures non-physiologiques tenues sur un temps long causent régulièrement des douleurs et/ou des troubles. Les instrumentistes à vent souffrent souvent de troubles buccaux, celles et ceux qui pratiquent les cordes peuvent avoir des problèmes dermatologiques. A cela s’ajoutent, pour toutes et tous, des troubles musculosquelettiques liés à la répétition des gestes effectués. Les troubles auditifs touchent également beaucoup de travailleurs et travailleuses du milieu de la musique et du spectacle en raison des expositions longues aux bruits forts.  

Les postes de travail plus classiques, assis derrière un ordinateur par exemple, causent aussi des douleurs et des troubles. Ainsi, les compositeurs et compositrices, auteurs et autrices mais aussi éditeurs et éditrices pâtissent également de leur posture.  

Risques psycho-sociaux

En examinant les conditions de travail particulières des métiers de la création et de l’édition musicale, l’INRS identifie les risques psychosociaux comme particulièrement prégnants dans l’exercice de ces professions. L’institut détaille cela dans son dossier sur les arts du spectacle. Parmi les facteurs de risques observés figurent les horaires décalés et de nuit car ils favorisent l’exposition à des produits psychoactifs ou à des personnes sous substances et, potentiellement, des expositions à des scènes de violence. Ces facteurs de risque amplifient le stress et l’anxiété liés à l’activité en elle-même.

L’investissement émotionnel mis dans ces métiers souvent exercés par passion est, lui aussi, un facteur de stress supplémentaire. Tout comme l’incertitude des contrats courts et le manque de sécurité financière. Toutes ces caractéristiques impactent aussi la vie personnelle.  

Autres risques

Les métiers créatifs nécessitent souvent de nombreux déplacements à travers le pays et parfois le monde. Ces déplacements font partie des facteurs de risques identifiés par l’INRS, tout comme le fait de travailler dans un environnement qui n’est pas familier et parfois sombre – des situations susceptibles d’entrainer des chutes, des glissades, etc. D’ailleurs, en 2006, l’INRS observait que 23 % des accidents du travail du milieu des arts et spectacles concernaient des chutes de plain-pied. La même année, l’institut recensait 28 maladies professionnelles dans le secteur, à commencer par des affections périarticulaires et la surdité.  

Comment prévenir les accidents et maladies dans le secteur de la musique et du divertissement ? 

De toute évidence, les spécialistes préconisent une bonne hygiène de vie. Cela suppose de respecter, autant que faire se peut, une régularité dans le sommeil et les repas ainsi que la pratique d’activités physiques non traumatiques. Autre conseil utile, notamment pour les personnes jouant d’un instrument à vent : consulter régulièrement son dentiste. 

Selon Débès, Schneider et Malchaire, la première étape pour les créateurs et les créatrices est de “prendre conscience des contraintes liées à [leur] travail instrumental”. Tout comme dans le sport de haut niveau, ces chercheurs encouragent les musiciens et les musiciennes à s’échauffer avant de pratiquer, s’étirer après et faire des pauses pendant. Enfin, ils conseillent de faire attention à la posture et au siège utilisé lorsque la pratique se fait assise. 

Pour lutter contre les troubles musculosquelettiques, vous pouvez en outre consulter des posturologues ou ergologues spécialisés dans les métiers de la création. Des professionnels de santé ont aussi créé Musician Care, un réseau de spécialistes en santé des musiciens composé en grande partie de kinésithérapeutes.  

Dépistages des troubles auditifs et médecine douce avec la SMACEM

Pour les musiciens et musiciennes, il est aussi recommandé de pratiquer des dépistages réguliers des troubles auditifs. La SMACEM rembourse à 100 % le dépistage des troubles de l’audition de ses membres de plus de 50 ans, profitez-en ! Certaines médecines douces, comme l’ostéopathie ou la sophrologie, peuvent apaiser les douleurs liées aux postures non-physiologiques, celles-ci sont remboursées à hauteur de 30 € par séance pour un maximum de 4 séances par an. Cependant, si les douleurs persistent, consultez votre médecin pour un suivi adapté. 

Pour aller plus loin

  • En tant que Service de prévention et de santé au travail pour les industries culturelles et créatives, Thalie Santé est l’organisme de santé du travail spécifique aux métiers de la création. Retrouvez, sur leur site, de nombreuses ressources sur les spécificités sanitaires de vos métiers. Partenaire avec de nombreux centres de santé, Thalie Santé est l’un de vos interlocuteurs en matière de médecine du travail. 

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